Le Vanuaquoi ?


Si vous êtes aussi ignares que moi, la première fois que vous avez entendu parler du Vanuatu, c'est en lisant ce titre !


Il y a encore un an, ce pays m'était to-ta-le-ment étranger et j'ai cru initialement qu'il s'agissait d'îles appartenant à l'Australie, comme la Tasmanie, mais en plus petit... Hum.

J'ai compris que je me fourvoyais quand j'ai appris que j'allai avoir besoin d'un visa !


Depuis que j'ai mis le pied pour la première fois sur le sol du Vanuatu, j'ai appris 1000 choses passionnantes, parfois intrigantes, parfois surprenantes, parfois pas vraiment réjouissantes.

Et si je vous en partageais quelques unes ?


Le Vanuatu est un endroit du monde passionnant et exceptionnel pour des centaines de raisons.


D'abord au plan géographique :


Le Vanuatu est un archipel au large de Brisbane, sur la côte est australienne, composé de 84 îles, certaines de quelques centaines de km2 comme l’île d’Espiritu Santo, d'autres absolument minuscules, dont une infime minorité ne sont pas habitées.

Le Vanuatu est réputé pour ses volcans, toujours actifs sur sept îles. La dernière éruption date de l’été dernier sur Ambae ! Et sans remonter plus loin que 2005, la population a même dû être évacuée au cours d'une grosse éruption du volcan Manaro, toujours sur Ambae.

La majorité des îles est équipée du véritable minimum d'infrastructures... Mais il vaut mieux que je vous précise ici ce que je veux dire par "infrastructures". Le Vanuatu est une République encore majoritairement rurale, avec peu de villes et très peu de routes.


Les moyens de circulation sont principalement :

-    Le bateau, généralement pour longer la côte jusqu'à la ville où les villageois vont vendre leurs marchandises au marché et faire des emplettes (je reviendrai plus loin sur le sujet qui mérite à lui seul un article complet...),

-    Le cheval pour aller de village en village ou de la montagne à la côte et transporter des kilos de noix de coco, de fèves de cacao ou de taro qui sont ensuite consommés ou vendus aux bateaux,

-    A proximité des villes, les voitures et petits camions sont légion mais le moyen de transport le plus répandu reste... à pattes !

-    Enfin, il y a un aéroport sur chaque grosse île pour aller d’île en île (et c’est très coûteux, environ 200$ en moyenne un aller simple) ;il y a enfin deux aéroports internationaux à Luganville sur l'île de Santo où j'ai atterri et à Port Villa, la capitale et plus grosse ville, située sur l'île d'Efate.


Vous l'avez deviné, la plupart des villages sont donc particulièrement isolés et il n'est pas rare de rencontrer des villageois qui n'ont jamais bougé de leur vie au-delà de leur île.


Pendant mon périple, j'ai la chance de visiter une vingtaine de villages différents sur l'île de Santo. Voici ce qu'on y trouve le plus souvent :


-    Le traditionnel Nakamal, qui est l'endroit communautaire par excellence. Traditionnellement à l'ombre d'un grand arbre magnifique (Bajan) où sont installés des bancs en bois et bambou, le Nakamal est désormais plus souvent une grande cabane faite de matériaux naturels et locaux, tout comme les maisons alentour, avec des feuilles de natakura et du bois de bambou pour le toit, du bois de bananier pour l'armature, des feuilles de bambou pour les murs, et des lianes de tora pour maintenir le tout.

Parfois, rarement, le Nakamal est en "concrete" donc béton et ciment. Dans le Nakamal ont lieu toutes les réunions et rassemblements, c'est généralement là que nous établissons notre clinique mobile avec l'équipe médicale au sein de laquelle je suis volontaire. (Équipe que je vous décrirai dans un article dédié.)


-    Ensuite, et je consacrerai là aussi un plein article sur le sujet, faites-moi confiance là-dessus, le second édifice qu'on va trouver systématiquement trouver va être l'église. Parfois, dans un village de moins de 100 habitants, on va même trouver 2 églises fondées par des missionnaires différents. Les églises sont propres, fleuries, avec de belles portes, pas un seul trou dans les murs ou le toit, et s'il y a un seul bâtiment bétonné, ce sera celui-là.


-    Dans les plus grands villages, vous pouvez également trouver une cuisine communautaire avec dining hall. Les habitations en général sont évidemment très différentes de ce qu'on appelle "maison" en Europe, pas seulement dans les matériaux de construction, également dans leur agencement. Une habitation traditionnelle sera généralement composée de trois à quatre différents espaces voire cabanes différentes :

Un premier bâtiment est consacré aux couchages, où chaque membre de la famille a son espace avec sa natte, éventuellement son matelas, son abri anti-moustique et ses draps. (Ce bâtiment principal est la plupart du temps cerné par une sorte de grande terrasse ombragée).

Un second bâtiment est dédié à la cuisine, avec un espace pour le feu, des casseroles et couverts, éventuellement quelques condiments et le stockage de la nourriture. Il est rare de ne voir personne dans le "salon". Le salon ? Un espace situé dehors à l'ombre d'un grand arbre, avec un grand "canapé", une espèce de banc surélevé où les Ni-Van (habitants du Vanuatu), vieux, parents, pikininis (enfants), peuvent s'assoir ou s'allonger. Quant aux plus grands "pikininis", ils sont généralement à vadrouiller et s'amuser un peu partout.

Le dernier espace est les toilettes, minuscule petite cabane à l'intérieur de laquelle on trouve une cuvette, généralement en bois, plus rarement en ciment. Le système est différent un peu partout. Le plus courant, c’est quand le propriétaire va creuser un grand trou (3m de profondeur) qui sert de cuve. Quand ce trou est plein, il recrée d'autres toilettes un peu plus loin.

Parfois, l'habitation comprend aussi une douche, qui ressemble de l'extérieur à la cabane des toilettes mais en plus haute. Ma douche préférée était approvisionnée en eau via un petit robinet raccordé via une pompe solaire à la rivière ; ce robinet alimentait 3m de tuyaux en bambou qui descendaient vers la petite douche en branchages. Entre le gros roc sur lequel on pouvait poser ses affaires au sec, le lit de galets pour garder les pieds propres, et le filet d'eau sortant du bambou au-dessus de ta tête, j'ai adoré l'expérience de bush shower !


-    Le plus grand village (et le seul dans ce cas) était équipé d'une clinique, bâtiment de quelques pièces où travaillaient deux à trois infirmiers/infirmières qui peuvent distribuer des soins et des médicaments ; plus souvent, on va trouver uniquement un Aid Post, sorte de petit dispensaire où on va trouver des médicaments, mais rarement une personne qualifiée pour se charger des soins. Mais encore plus souvent, il n'y a rien du tout. 


-    Le Vanuatu est plutôt bien équipé en écoles et la nouvelle génération est quasi systématiquement scolarisée grâce à une initiative gouvernementale qui, depuis 2009, rend l'éducation gratuite jusqu'à "Class 6", qui correspond au CM2. J'ai été intriguée un jour en rencontrant deux sœurs d'une vingtaine d'années dont l'aînée baragouinait anglais mais la seconde ne parlait pas un mot. Étant nées à l'époque où la scolarisation était encore payante, les parents ont financé les études de la première, mais sont tombés tous deux malade de la tuberculose et en sont morts. Personne n'a donc financé les études de la seconde.

Le sujet de l'éducation dans le Vanuatu est passionnant, je pourrais écrire 10 articles sur le sujet. Mais je poursuis ma description du village par LE MAL EN PERSONNE.


-    Le shop, ou store. Où vous pouvez trouver tout ce qu'il faut pour ruiner votre santé, votre porte-monnaie, la planète. Que trouve-t-on exactement, empaqueté de manière à n’être jamais composté (plastique), trié et recyclé (pas d’infrastructures adaptées) ni même jeté dans une poubelle (inexistante) ?

Vous trouverez… bonbons, riz blanc, sucre blanc, sel raffiné, huile de palme, biscuits, sodas, noodles, conserves de thon et de viande, etc...

Toutes ces saloperies sont responsables #1 des problèmes de santé dans les villages : problèmes cardiaques à la pelle, hypertension, diabètes terribles mutilant les gens, dentition émaillées par le sucre, etc etc etc. On y reviendra, croyez-moi, je n'ai pas fini de conspuer les vendeurs de poison, qu'on appelle aussi malbouffe, que certains osent appeler nourriture.

Voilà pour la description évidemment très sommaire du village !


Cet article est déjà long, donc je réserve pour le suivant un peu d'histoire et de géographie. Je vous y parlerai notamment du sujet sensible de la colonisation commerciale par les français et les anglais, et spirituelle par les missionnaires généralement originaires de l'église presbytérienne du Royaume-Uni. Et je vous raconterai une caractéristique du Vanuatu qui en fait un pays unique au monde : ses 130 langues et milliers de dialectes !!!