Prologue

On est le 7 juin 2016, je viens de sortir d'une réunion client qui s'est terminée tôt. Il fait beau. Je suis posée au Parc Monceau et j'achève la lecture d'une des bibles francophones de la communication non-violente : Cessez d'être gentils, soyez vrais ! Par Thomas d'Aisenbourg. 

J'y lis que pour cheminer vers l'autre, on ne peut faire l'économie d'un chemin vers soi. Que la première étape d'une relation équilibrée avec le monde est de commencer par travailler sur soi, et notamment sur l'écoute de soi, de façon à offrir ensuite à autrui écoute et présence de qualité. 

J'y lis également que toute émotion est l'expression (positive ou négative) d'un besoin respecté, ou non respecté. L'essence de la démarche est donc d'apprendre d'abord à identifier ses propres besoins et à les écouter en tout premier lieu et de toute urgence. 

J'y lis enfin une liste d'une centaine de différents besoins classés par catégories, et je m'attèle à l'exercice de sélectionner ceux que je ressens.

Nature, connexion, calme, lumière, soleil, chaleur, silence, conscience, authenticité (...)
Ma liste de besoins remplit une page, et le tout décrit l'antithèse de ma vie parisienne. Je formule un vœu et un projet : les avoir écoutés et respectés d'ici la fin de l'année. 

Le soleil décline gentiment, il est aux alentours de 17h. Dans un hôpital drômois, à quelques centaine de km au sud de Paris, ma grand-mère chérie vient de s'éteindre. 

Dimanche 11 décembre 2016

Nouvelle traversée de la ville à pied (30min de marche) ; on avise un bon spot avec David et Antoni pour "poucer". On est 3, c'est mon chiffre préféré mais pas pour faire du stop, alors je croise les doigts... Moins de 5 minutes plus tard, une voiture s'arrête. 
Un homme seul, avec un break (il fallait au moins ça pour caser tous nos gros sacs), qui va dans notre direction. 

Ian est calme, doux, je le sens tout de suite altruiste, humaniste, posé, gentil. 
Dans la voiture, je crois reconnaître en fond musical des mantras hindous. J'ai une intuition, et lui pose 3 questions :
  • Pratiques-tu la méditation ? 
  • Es-tu végétarien ?
  • Fais-tu partie de la communauté Krsna ? 
Aux trois questions, la réponse est la même : affirmative. 
Ian me répond qu'il se rend justement chez des amis à lui qui habitent sur la côte est, avec qui il pratique la méditation et le "chanting".
 
( Le "chanting" est une forme de méditation chantée au moyen de mantras et d'instruments de musique, les mantras étant une sorte de prières en sanskrit, une des langues "premières" dont les sons sont considérés comme "puissants" car "exauçants", "nourrissants", "apaisants".)

Ce couple d'amis est d'ailleurs végétarien comme tous les membres de la communauté Krsna dont ils font également partie.
Ils habitent dans une grande maison pas trop loin de la ville (moins de 5km) et donc de la plage, mais pas trop près non plus ; ils ont un (très très) grand jardin dans lequel il y a pas mal de boulot. Ils sont musiciens. 

Et... Devinez quoi ?

Épilogue


J'ai posé mes valises dans le Waikito il y a 2 jours. Je suis allée me promener sur les hautes collines alentour, que j'ai escaladées pieds nus. 

Je regarde le soleil se diriger lentement vers l'ouest pour aller réveiller ma famille et mes amis en Europe ; je suis assise sur un rocher en pleine mer de hautes herbes qui montent jusqu'à mes genoux. Au loin, les collines toutes vertes sont serties de couronnes de brume, parfois clairsemées par les pâturages. J'entends quelques uns des millions d'oiseaux qui ont élu domicile sur cette île, les sons de certains s'apparentent à des notes de piano. Personne alentour. Seule.  
    
Se rappelle alors à moi cet après-midi de juin où j'avais composé cette liste à la Prévert.  A mesure que j'égraine en souvenir ce florilège des besoins identifiés à l'époque, que vois là, tous comblés, devant moi, je me sens inondée par une bienveillance paisible. Sans trop que je réalise qui que quoi comment, quelques grosses larmes d'émotion ont coulé sur mon visage. Maminic... Tu as su nous laisser le meilleur de toi sur Terre : ton soutien et ton affection inconditionnels. D